François M.

Un passionné de la technique
« Vous avez peut-être ressenti que j’aime bien parler de mon métier »

C’est à la fin de l’entretien seulement que François confesse à mi-mot mais avec un large sourire cette passion : c’est la première fois qu’il retrace sa carrière professionnelle.
Né en 1946 en Charentes, il arrive dans les Combrailles avec ses frères et son père qui vient d’obtenir un poste à l’entretien général dans l’usine Aubert et Duval.
Ce contexte situé, il restitue minutieusement son parcours professionnel et technique. Après l’obtention du Certificat d’études à l’école de Manzat, il décide de faire son apprentissage au sein de l’usine des Ancizes pour obtenir un CAP d’ajusteur. Ce choix s’explique par des raisons financières : les élèves apprentis reçoivent une petite rémunération qui permet de financer les sorties et les cours, livres et matériel sont gratuits et l’embauche est systématique.
Puis débute le parcours professionnel qui le mène du service Entretien général à l’atelier de contrôle des produits, autrement dit de métalloscopie : un parcours professionnel dont il se dit très fier. Soucieux de nous faire comprendre l’univers de la métallurgie qu’il connaît bien, François M.se lance dans un discours sur les différentes opérations techniques, discours fondé très rapidement sur son premier cahier de formation professionnel à l’écriture très soignée et un dossier. Très rapidement, dans cette salle à manger où trône un buffet sur lequel s’exposent les photographies familiales et au-dessus duquel on peut voir une tapisserie – encadrée – de flamands roses, un climat de confiance s’instaure donc lorsqu’il se lève pour aller chercher une pièce de ses archives personnelles. Le récit des différents postes se déroule, dominé par l’envie de montrer combien sa curiosité l’a conduit à mener des expériences de contrôle et de recherches particulièrement instructives.
Pendant trois ans (1960-fin 1963), il travaille dans le service de l’entretien général, puis il fait un court passage au service Aciérie puisqu’il est victime d’un accident du travail qui l’immobilise pendant sept mois. Ensuite, il rejoint le service Bureau électrique où il devient magasinier électrique, puis pendant un an il travaille au service bobinage à refaire des moteurs électriques. Mais le tournant le plus valorisant de l’itinéraire professionnel de François M. coïncide avec son entrée dans le labo de physique en 1974-1975. Là, en effet il explique le travail minutieux qui consiste à procéder à des classements de coulée en prélevant et observant la pureté du métal par la méthode de la « magnétoscopie ». Quand nous l’interrogeons sur la formation, il précise qu’elle s’est faite sur le tas, c’est-à-dire par l‘observation répétée du travail du collègue responsable du laboratoire.
Puis, grâce à un plan de l’usine, datant des années 1980, il présente le travail dans les différents ateliers (aciérie, laminoir, fonderie). Enfin, en 1980, il « monte » un nouvel atelier de métalloscopie qui consiste à contrôler avant l’expédition les produits laminés puis les produits forgés. Il précise alors les techniques utilisées telles que la magnétoscopie, le ressuage, l’ultra son et surtout révèle son « plaisir de transmettre son savoir », une autre facette de cet ouvrier devenu agent de maîtrise à la tête d’une équipe qu’il doit évaluer selon différents critères. On apprend aussi qu’il a reçu une nouvelle formation par l’organisme Cofrend (organisme certificateur depuis 1978). Son rapport à l’usine est donc « enchanté » : « J’aimais ce que je faisais. Vu mon niveau d’école, ma réussite était très correcte ». La question du paternalisme est éludée : pour lui le rapport à l’usine dépend de l’ambiance et de son grade dans l’entreprise. Par contre, il nous dit avoir été membre du syndicat des cadres FO et avoir participé au CHSCT, essentiel pour réfléchir à l’organisation et à la sécurité au travail. De plus, la restitution de ce parcours professionnel fondé sur la curiosité et une soif d’apprendre et de comprendre les processus de contrôle, est émaillée de précieuses digressions (parfois stimulées par nos questions) qui nous renseignent sur la vie à côté du travail, et sur son rapport au territoire des Combrailles et à l’usine. Habitant d’abord à quelques kilomètres de l’usine (La croix Pierre à Saint-Georges), il s’éloigne d’une trentaine de kilomètres et se fait construire une maison individuelle à Cisternes-la-forêt. Or, cette prise de distance est propice à la fois à des activités de pêche et de ramassage de champignons mais aussi à certaines activités agricoles dans le cadre de la petite ferme de sa belle-mère. A la retraite de celle-ci, il devient même chef d’exploitation pendant dix ans. Il possède donc une double identité professionnelle : agent de maîtrise et chef d’exploitation.
Son rapport au territoire montre une forte intégration : déjà connu par la création d’une équipe de rugby dans la commune, il exerce plusieurs mandats de conseiller municipal avant de devenir maire entre 1995 et 2001.
A la fin de l’entretien, il nous confie que « c’est la première fois qu’il raconte aussi longuement son histoire personnelle », de surcroît une histoire professionnelle marquée par la maîtrise de nombreuses techniques valorisantes.

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Les interlocuteurs

Louis G.

Chef d'atelier à la fonderie et exploitant du cinéma La Viouze

Bernard L.

Ouvrier spécialisé à la fonderie

Etienne B.

Technicien au laboratoire-physique

Gérard S.

Ouvrier oxoleur-mécanicien à la forge

Jean-Yves C.

Professeur d'EPS aux Ancizes et à Saint Gervais d'Auvergne

Marc R.

Technicien en maintenance au laminoir

Kabbour T.

Technicien au service de traitement thermique

Christian D.

Ingénieur de recherche

Camille C.

Chef d'atelier au laminoir

Michel B.

Ouvrier fondeur à l'aciérie

Pascal P.

Technicien en dépannage-maintenance

Gilles V.

Ouvrier en maintenance au service forge

Pascal G.

Technicien en dépannage-maintenance

Louis R.

Ex technicien en maintenance et maraîcher-apiculteur

Bernard G.

Ouvrier à l'atelier usinage

François C.

Ouvrier-tourneur à l'atelier usinage

Paul G.

Ouvrier-soudeur à la fonderie

Centre d'Histoire "Espaces et Cultures"